Un de mes souvenirs d’enfance est l’image de ma mère, une technicienne en architecture qui travaillait à domicile, en avant de sa grande table à dessin en train de faire des plans. Elle avait différents stylos à encre pour différentes épaisseurs de ligne, des pochoirs pour les lettres et les ameublements et, si elle se trompait, une lame à rasoir pour effacer les fautes. Lorsqu’elle travaillait avec des plans structuraux, je pouvais l’aider en coloriant les murs correspondant au matériau à utiliser. Le béton était rose…
Bien qu’il s’agisse de très beaux souvenirs, il n’y a aucun doute que l’arrivée de la technologie CAO, création assistée par ordinateur (CAD en anglais), a beaucoup changé l’industrie de la construction et ça, pour le mieux. Les plans sont plus rapides à dessiner, les changements plus faciles à effectuer, la reproduction se fait avec un clic de souris et tout peut être transmis par Internet. Merveilleux, n’est-ce pas?
La technologie a effectivement révolutionné notre profession. Cependant, certaines problématiques restent, notamment la gestion de la plus récente version – est-ce qu’on travaille avec les « bons » plans? – et l’interaction entre les différentes disciplines. Depuis quelques années, une nouvelle méthode de travail se fait connaitre. Elle a le potentiel de révolutionner la façon avec laquelle l’industrie travaille sur un projet : le BIM.
Le BIM, c’est quoi exactement?
Certains pensent qu’il s’agit d’un logiciel, et d’autres, d’un modèle 3D du style « faire joli pour faire plaisir au donneur d’ouvrage ». Bien qu’il existe plusieurs logiciels appelés « Logiciels XYZ BIM » et que les modèles 3D inclus dans le BIM sont impressionnants, il n’est ni un logiciel ni un simple modèle 3D.
L’abréviation BIM vient de l’anglais Building Information Modeling qui se traduit par Modélisation des Informations (ou données) du Bâtiment. Le BIM est une manière intégrée de travailler sur la conception, l’exécution et la gestion d’un projet. C’est un processus de travail et de collaboration entre intervenants d’un même projet de construction qui permet la conception et l’exploitation d’une maquette numérique.
L’histoire du BIM
Le BIM existe depuis 40 ans et est toujours en évolution constante, et ce, dans plusieurs domaines d’activités. Dans le monde de la construction, le BIM est en hausse de popularité. Les grandes firmes d’architectes et d’ingénieurs l’utilisent depuis plus de 10 ans à faible énergie. Cependant, depuis deux ans, l’engouement de cette méthode se fait sentir et l’investissement de ces firmes devient beaucoup plus important.
En 2017, la France obligera progressivement la maquette numérique dans les marchés publics d’État en souhaitant inciter les collectivités à les suivre. Plus près de nous, les entrepreneurs généraux Pomerleau et EBC inc. ont entrepris la conversion de leur méthode vers le BIM. La compagnie Pomerleau est très présente à la promotion du BIM dans notre industrie via BIM Can et BIM Québec, elle est aussi proactive à l’intérieur de sa compagnie. Son souhait pour l’avenir : utiliser la méthode d’ingénierie concourante ou simultanée, une approche systématique pour concevoir un produit prenant en considération tous les éléments de son cycle de vie de la conception à la maintenance. Le BIM est un exemple parfait.
Où en est le BIM dans notre secteur?
Dans le domaine de l’acier d’armature, le BIM est au point d’origine. Nous sommes sur la ligne de départ! Tout est à créer, à réfléchir, à instaurer et à analyser. C’est un avantage, car à l’heure actuelle tout est à concevoir pour notre industrie et pour notre lancement dans le monde du BIM au Québec voir même au Canada.
En introduisant cette nouvelle méthode et surtout, en nous perfectionnant dans ce nouveau mode de gestion de projet, nous serons en mesure de suivre et même de mener cette évolution qui est à notre porte. La modélisation de l’armature avec les autres disciplines, tel que la mécanique et la plomberie, nous permettra de visualiser les nœuds, les zones de concentration et les irréalisables entre nous. Les conflits, les erreurs et omissions seront identifiés avant l’arrivée des matériaux au chantier pour nous épargner des non-conformités et pour éviter les différentes demandes de changements qui doivent être effectués sur le terrain par les ferrailleurs. Le suivi et l’accomplissement de la coordination interne entre la salle à dessin, la production, la livraison et la mise en place s’en trouveront améliorés et perfectionnés.